Crise Automobile en Chine : Impact sur les Constructeurs Traditionnels

L’industrie automobile chinoise traverse actuellement une période de profonde transformation, marquée par un bouleversement sans précédent des positions établies et une concurrence féroce entre constructeurs traditionnels et nouveaux acteurs. Cette crise révèle une réalité implacable : le paysage automobile chinois est en pleine mutation, avec des conséquences majeures pour les acteurs historiques du secteur.

Un marché en pleine transformation

Le marché automobile chinois a atteint des sommets impressionnants en 2024, avec près de 23 millions de véhicules immatriculés, soit une progression de 5,5%. Selon Le Monde, ce marché est désormais une fois et demie plus important que celui des États-Unis, confirmant la position dominante de la Chine dans l’industrie automobile mondiale.

La révolution électrique constitue le moteur principal de cette transformation. Les ventes de véhicules électriques et hybrides ont bondi de près de 40% en 2024, représentant désormais une voiture sur deux vendue dans le pays. Cette transition rapide vers l’électromobilité a profondément modifié l’équilibre des forces sur le marché chinois.

La chute des constructeurs étrangers

Les constructeurs étrangers, autrefois dominants en Chine, font face à un déclin marqué de leur influence. Volkswagen, jadis leader incontesté du marché chinois, a vu ses ventes chuter de 8,3% en 2024 selon Le Monde. Plus récemment, lors du Salon de Shanghai 2025 qui s’est ouvert le 23 avril, la déchéance du constructeur allemand s’est confirmée face à la montée en puissance de BYD.

D’après les données compilées par CarNewsChina.com et rapportées par Challenges, BYD a vendu en mars 2025 environ 290 000 voitures particulières sur le marché chinois, soit une progression de 11,5%. En comparaison, Volkswagen n’a écoulé que 221 000 unités à travers ses coentreprises locales, accusant une baisse de 5%. BYD détient désormais 15% du marché automobile chinois, contre 11,4% pour la marque allemande.

À Guangzhou, ville emblématique de l’industrie automobile chinoise, la situation est particulièrement préoccupante pour les constructeurs japonais. Selon Le Blog Auto, la coentreprise GAC-Toyota a enregistré une chute de 23% de sa production en 2024. Face à cette baisse de la demande, les autorités locales ont tenté, sans succès, d’empêcher Toyota de réduire ses activités, allant jusqu’à envoyer le maire adjoint à Tokyo pour des négociations directes.

L’ascension fulgurante des marques chinoises

Les constructeurs chinois dominent désormais leur marché national, représentant environ deux tiers des ventes. En mars 2025, ils ont immatriculé globalement 1,22 million de véhicules, soit une progression de 31%, représentant 63% du marché chinois.

Outre BYD, d’autres acteurs chinois connaissent une croissance remarquable. Geely, marque phare du milliardaire Li Shufu avec laquelle Renault multiplie les partenariats, a enregistré une progression spectaculaire de 70% avec 195 000 ventes en mars 2025, représentant 10% du marché. Chery suit également cette tendance avec 110 000 unités vendues, soit une augmentation de 58%.

Une période d’élimination darwinienne

La concurrence acharnée sur le marché chinois laisse présager une période difficile pour de nombreux acteurs. He Xiaopeng, fondateur de XPeng, l’un des grands acteurs du secteur, a prévenu dans une lettre interne dévoilée par le Wall Street Journal que ‘la période de 2025 à 2027 sera celle de l’élimination’.

Cette prédiction semble se confirmer par les échecs de certains projets ambitieux. Le Blog Auto rapporte notamment le cas de China Evergrande NEV (New Energy Auto), qui se voulait un concurrent direct de Tesla. Après des annonces ambitieuses en 2019, l’entreprise a cessé sa production et se trouve aujourd’hui proche de la faillite, laissant son usine de 80 hectares quasiment abandonnée.

Les stratégies d’adaptation des constructeurs traditionnels

Face à cette situation critique, les constructeurs traditionnels tentent de s’adapter. Volkswagen, pionnier de l’automobile en Chine depuis les années 1980, prévoit de présenter sept premières mondiales lors du Salon de Shanghai 2025, dans une tentative de reconquête du marché.

Les constructeurs étrangers doivent faire face à plusieurs défis majeurs :

• L’adaptation rapide aux préférences changeantes des consommateurs chinois
• La transition accélérée vers l’électrification
• La concurrence féroce des marques locales proposant des véhicules à prix compétitifs
• Les tensions commerciales internationales et les pressions tarifaires

Perspectives d’avenir

L’industrie automobile chinoise entre dans une phase critique de consolidation. Comme l’a souligné He Xiaopeng, les années 2025-2027 seront déterminantes pour identifier les acteurs qui survivront à cette période d’intense compétition.

Pour les constructeurs traditionnels, l’enjeu est désormais de réinventer leurs modèles économiques et leurs offres produits pour s’adapter à un marché dominé par l’électrification et les innovations technologiques. Ceux qui ne parviendront pas à effectuer cette transition risquent de voir leur présence en Chine, marché automobile le plus important au monde, se réduire considérablement dans les années à venir.

La crise automobile chinoise actuelle n’est pas simplement une fluctuation temporaire, mais bien le signe d’une transformation profonde et durable de l’industrie, avec des répercussions qui se feront sentir bien au-delà des frontières de l’Empire du Milieu.